Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/323

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ment, tout homme et âgé que je sois, je commençais à craindre sérieusement pour ma moralité ! Croyez-moi : laissez vos questions ; elles ne pourraient avoir d’autres résultats que votre propre honte !

— Foma ! Foma !… s’écria mon oncle, et des gouttes de sueur perlèrent sur son front.

— Permettez-moi donc, sans plus d’explications, de vous dire quelques mots d’adieu et de vous donner quelques derniers conseils. Ce seront mes ultimes paroles dans votre maison, Yégor Ilitch. Le fait est consommé et il est impossible de le réparer. J’espère que vous savez à quel fait je fais en ce moment allusion. Mais, je vous en supplie à deux genoux, si la dernière étincelle de moralité n’est pas encore éteinte au fond de votre cœur, réprimez l’élan de vos passions ! Si ce feu perfide n’a pas encore embrasé tout l’édifice, éteignez l’incendie !

— Foma, je t’assure que tu te trompes ! protesta mon oncle, se reprenant peu à peu et pressentant avec terreur le dénouement.

— Maîtrisez vos passions ! poursuivit Foma avec la même pompe, comme si mon oncle n’eût rien dit. Luttez contre vous-même : « Si tu veux vaincre le monde, commence par te vaincre toi-même !