Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/355

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mon oncle voulut dire quelque chose mais ne put. Nastia avait pâli affreusement en murmurant d’une voix faible que « cela ne se pouvait pas… » Mais il était trop tard. Il faut rendre cette justice à Bakhtchéiev que, le premier, il répondit au hourra de Foma. Puis ce fut moi. Puis, de toute la force de sa voix argentine, ce fut Sachenka qui s’élança vers son père pour l’embrasser, puis Ilucha, puis Éjévikine et le dernier de tous, Mizintchikov.

— Hourra ! répéta Foma, hourra ! Et maintenant, enfants de mon cœur, à genoux devant la plus tendre des mères. Demandez-lui sa bénédiction et, s’il le faut, je vais m’agenouiller avec vous.

N’ayant pas encore eu le temps de se regarder et ne comprenant pas encore bien ce qui leur arrivait, mon oncle et Nastia tombèrent à genoux devant la générale et tout le monde se groupa autour d’eux, tandis que la vieille dame restait indécise, ne sachant que faire. Ce fut encore Foma qui dénoua la situation en se prosternant, lui aussi, devant sa bienfaitrice, dont il résolut ainsi l’indécision. Fondant en larmes, elle donna son consentement. Mon oncle se releva et serra Foma dans ses bras.

— Foma ! Foma ! fit-il. Mais sa voix s’étrangla et il ne put continuer.