Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/82

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turne inconnu », mais il ne se fâche pas et Foma est enchanté ; il dit qu’Ivan Ivanovitch n’est pas intelligent. En tout cas, celui-ci ne le contredit en rien et il est toujours de son avis. C’est un timide… Que Dieu soit avec lui ! Nous avons aussi des visiteurs de la ville : Pavel Sémionovitch Obnoskine et sa mère, un jeune homme de grand esprit, aux idées fermes, mûries (je m’exprime assez mal), avec cela d’une grande austérité. Enfin, tu verras aussi Tatiana Ivanovna, une parente éloignée que tu ne connais pas. Cette demoiselle, il faut l’avouer, n’est plus jeune, mais elle est assez riche pour acheter deux Stépantchikovo. Il n’y a pas longtemps qu’elle a hérité : jusque-là, elle avait vécu dans la misère. Surveille-toi avec elle, Sérioja ; elle est si délicate !… Elle a quelque chose de fantasque dans le caractère. Tu es généreux ; tu comprendras. Elle a eu tant de malheurs ! Il faut redoubler de précautions à l’égard d’une personne qui n’a pas été heureuse. Ne te forge pas d’idée sur son compte. Bien sûr qu’elle a ses faiblesses ; elle parle sans réfléchir ; elle se trompe sur la valeur des mots, mais ne crois pas qu’elle mente !… tout ça vient du cœur, de son cœur bon et franc. Et si, parfois, il lui arrive