Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors, cette cravate est de nuance Adélaïde ? lui demandai-je en le regardant avec sévérité.

— De nuance Adélaïde, me répondit-il.

— Il n’existe pas de nuance Agraféna ?

— Non, c’est impossible.

— Et pourquoi ?

— Parce que ce nom d’Agraféna est indécent.

— Comment indécent ?

— Mais certainement, Adélaïde est un nom étranger et plein de noblesse, tandis que n’importe quelle villageoise peut s’appeler Agraféna.

— Mais tu es fou !

— Que non. J’ai toute ma tête. Il vous est loisible de m’injurier. Je vous ferai seulement observer que ma conversation a énormément plu à nombre de généraux et même à quelques comtes de la capitale.

— Comment t’appelles-tu ?

— Vidopliassov.

— Ah ! c’est toi Vidopliassov ?

— Oui.

— Attends un peu. Je ferai aussi ta connaissance.

Et, en descendant l’escalier, je ne pus m’empêcher de penser que cette maison était une sorte de Bedlam.