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Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 1.djvu/117

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DEUXIÈME PARTIE


I

Raskolnikoff resta ainsi couché pendant fort longtemps. Parfois il semblait sortir de ce demi-sommeil, et alors il remarquait que la nuit était déjà avancée ; mais l’idée de se lever ne lui venait pas à l’esprit. Enfin, il s’aperçut que le jour commençait à poindre. Étendu à la renverse sur le divan, il n’avait pas encore secoué l’espèce de léthargie qui s’était abattue sur lui. Des cris terribles, désespérés, montant de la rue, arrivèrent à ses oreilles ; c’étaient, du reste, ceux que chaque nuit, vers deux heures, il entendait sous sa fenêtre. Cette fois, le bruit le réveilla. — « Ah ! voilà déjà les ivrognes qui sortent des cabarets », pensa-t-il, — « il est deux heures », et il eut un brusque sursaut comme si quelqu’un l’avait arraché de dessus le divan. — « Comment ! il est déjà deux heures ! » Il s’assit sur le divan et soudain se rappela tout !

Dans le premier moment, il crut qu’il allait devenir fou. Il éprouvait une terrible sensation de froid, mais ce froid provenait aussi de la fièvre qui l’avait saisi pendant son sommeil. Maintenant il grelottait à un tel point que ses