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Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 2.djvu/89

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Hein ? Qu’est-ce que tu attends ? Où sont-ils ? Montre-les !

— Que parlez-vous de délégués, batuchka ! Voilà des idées ! La forme même, pour employer votre langage, ne permet pas d’agir ainsi ; vous ne connaissez pas la procédure, mon cher ami… Mais la forme sera observée, vous le verrez vous-même !… murmura Porphyre, qui s’était mis à écouter à la porte.

Un certain bruit se produisait, en effet, dans la pièce voisine.

— Ah ! ils viennent, s’écria Raskolnikoff ; tu les as envoyé chercher !… Tu les attendais ! Tu avais compté… Eh bien ! introduis-les tous : délégués, témoins ; fais entrer qui tu voudras ! Je suis prêt !

Mais alors eut lieu un incident étrange et si en dehors du cours ordinaire des choses, que sans doute ni Raskolnikoff ni Porphyre Pétrovitch n’eussent pu le prévoir.

VI

Voici le souvenir que cette scène laissa dans l’esprit de Raskolnikoff :

Le bruit qui se faisait dans la chambre voisine augmenta tout à coup, et la porte s’entr’ouvrit.

— Qu’est-ce qu’il y a ? cria avec colère Porphyre Pétrovitch. — J’ai prévenu…

Il n’y eut pas de réponse, mais la cause du tapage se laissait deviner en partie : quelqu’un voulait pénétrer dans le cabinet du juge d’instruction, et on s’efforçait de l’en empêcher.

— Qu’est-ce qu’il y a donc là ? répéta Porphyre inquiet.

— C’est l’inculpé Nicolas qu’on a amené, fit une voix.