elle m’a demandé avec tant d’insistance de vous amener, que je suis venu vous prendre. Figurez-vous mon désappointement lorsque votre servante m’a dit que vous étiez sorti. Que faire ? J’avais promis. Je me suis dit que je vous attendrais un quart d’heure, j’ai ouvert votre roman, je me suis mis à lire, et adieu le quart d’heure ! Ivan Pétrovitch ! c’est charmant ! c’est parfait ! vous m’avez arraché des larmes ! et ce n’est pas facile…
— Vous voulez que j’aille chez la comtesse ; je ne demande pais mieux ; mais aujourd’hui je vous avoue que…
— Pour l’amour de Dieu ! venez. Dans quelle position vous me mettriez ! Il y a une heure et demie que je vous attends. D’ailleurs j’ai tellement, tellement besoin de vous parler… vous comprenez, n’est-ce pas ? Peut-être arriverons-nous à une solution. De grâce ! ne me refusez pas…
Je réfléchis qu’il me faudrait aller une fois ou l’autre ; Natacha était seule en ce moment, et elle avait besoin de moi ; mais ne m’avait-elle pas prié de faire connaissance avec Katia le plus tôt possible ? bref, je me décidai à aller.
— Attendez, dis-je au prince, et je sortis dans l’escalier. Nelly était blottie dans le coin le plus obscur.
— Pourquoi ne veux-tu pas entrer, Nelly ? Que t’a-t-il fait ? que t’a-t-il dit ?
— Rien… Je ne veux pas… je ne veux pas… J’ai peur…
J’eus beau la prier, la supplier, rien n’y fit. Nous décidâmes qu’aussitôt que je serais parti avec le prince elle irait s’enfermer dans la chambre.
— Et tu ne laisseras entrer personne, Nelly, de quelque manière qu’on te le demande, entends-tu ?
— Oh ! non. Allez-vous avec lui ?
— Oui, nous sortons ensemble.
Elle tressaillit, et me prit la main comme pour me retenir ; mais elle ne dit mot, et je remis de l’interroger au lendemain.
Après quelques mots d’excuse que j’adressai au prince, je me mis à m’habiller. Il m’assura qu’il était inutile de faire la moindre toilette.
Nous sortîmes. Je le quittai dans l’escalier et rentrai dans