mort d’un accès de fièvre chaude… On m’a laissé entrer, j’ai pu revoir ses traits. Je me suis présenté comme son ami véritable, c’est pour cela qu’on m’a laissé entrer… Voyez un peu, je vous prie, ce qu’il a fait de moi, ce cher ami de six années ! C’est peut-être uniquement pour lui que je suis venu à Pétersbourg !
— Mais voyons, vous n’allez pas vous fâcher contre lui, fit Veltchaninov en souriant : vous ne pensez pas qu’il soit mort exprès !
— Comment donc ! mais j’ai beaucoup de compassion pour lui, le très cher ami !… Tenez, voici tout ce qu’il était pour moi.
Et tout à coup, de la façon la plus inattendue, Pavel Pavlovitch porta deux doigts a son front chauve, et, les dressant de chaque côté, il se mit à rire, d’un rire calme, prolongé. Il resta ainsi toute une demi-minute, regardant avec une insolence méchante droit dans les yeux de Veltchaninov. Celui-ci fut stupéfait, comme s’il voyait un spectre ; mais sa stupéfaction ne dura qu’un instant ; un sourire railleur, froidement provocant, se dessina lentement sur ses lèvres.
— Qu’est-ce que tout cela veut dire ? demanda-t-il nonchalamment, en traînant ses mots.
— Cela veut dire… ce que vous savez bien !