d’humeur triste ; elle est honteuse d’être ici, abandonnée par son père : c’est, à mon avis, toute sa maladie.
— Comment ! abandonnée ? Pourquoi pensez-vous qu’il l’a abandonnée ?
— Oh ! le seul fait qu’il l’a laissée venir ici, dans une maison tout à fait inconnue, avec un homme… presque également inconnu, ou tout au moins…
— Mais c’est moi-même qui l’ai prise, qui ai dû la prendre de force ; je ne vois pas…
— Mon Dieu, ce n’est pas de moi qu’il s’agit, c’est de Lisa, qui est une enfant, et qui voit les choses ainsi… Pour mon compte, je suis certaine qu’il ne viendra jamais.
Lorsqu’elle vit que Veltchaninov était venu seul, Lisa ne fut pas surprise ; elle sourit tristement, et tourna vers le mur sa petite tête toute brûlante de fièvre. Elle ne répondit rien aux timides paroles de consolation ni aux chaudes promesses de Veltchaninov, qui s’engagea à lui amener son père le lendemain, sans faute. Lorsqu’il l’eut quittée, il fondit en larmes.
Le médecin n’arriva que le soir. Quand il eut examiné la malade, il effraya tout le monde dès le premier mot, en disant qu’on aurait dû l’appeler plus tôt. Lorsqu’on lui affirma