Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/140

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de la chambre, les bras chargés, comme indécis, avec un large sourire d’ivrogne sur sa face d’ivrogne ; à une seconde injonction de Veltchaninov, qui grondait, il se mit à la besogne précipitamment. Il écarta la table, et, tout soufflant, déplia et disposa les draps. Veltchaninov vint l’aider ; il était satisfait de la docilité et de l’ahurissement de son hôte.

— Achevez de vider votre verre et couchez-vous, — ordonna-t-il ; il sentait qu’il fallait commander. — C’est vous qui avez fait chercher du vin ?

— Eh ! oui, c’est moi… C’est que, Alexis Ivanovitch, je savais bien que vous ne consentiriez plus à en envoyer chercher.

— C’est bien, que vous ayez compris cela, mais il y a autre chose encore qu’il faut que vous compreniez. Je vous déclare que ma résolution est prise : je ne supporterai plus toutes vos grimaces, ni toutes vos caresses d’ivrogne !

— Oh ! mais croyez-le bien, Alexis Ivanovitch, fit l’autre en souriant, je comprends à merveille que tout cela n’était possible qu’une seule fois.

À cette réponse, Veltchaninov, qui marchait par la chambre, s’arrêta brusquement devant Pavel Pavlovitch, l’air solennel.