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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/175

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tivement !… Je vois que vous avez dû me comprendre mal : je sais trop bien que nous ne pouvons être camarades : je ne suis pas assez bête pour ne pas le sentir. Le service que je vous demande ne vous engage nullement pour l’avenir. Je partirai après-demain, pour toujours : ce sera comme s’il n’y avait rien eu. Ce sera un fait isolé, sans lendemain. Je suis venu à vous, confiant dans la noblesse de vos sentiments que peut-être les derniers événements ont réveillés dans votre cœur… Vous voyez avec quelle sincérité je vous parle : direz-vous encore non ?

Pavel Pavlovitch était prodigieusement agité ; Veltchaninov le regardait avec stupéfaction.

— Vous me demandez un service d’une telle nature, et vous insistez d’une manière si pressante que vous me mettez nécessairement en défiance. Je veux en savoir davantage.

— L’unique service que je vous demande, c’est que vous m’accompagniez. Au retour, je vous dirai tout, comme à un confesseur. Alexis Ivanovitch, ayez confiance en moi.

Mais Veltchaninov persistait à refuser. Il refusait avec d’autant plus d’obstination qu’il sentait monter en lui une pensée mauvaise et méchante. Elle avait germé sourdement en lui