Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/208

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un immense samovar. Il les entretenait, sans doute, de choses extrêmement sérieuses, puisqu’il devait partir le surlendemain pour neuf mois. Il ne fit aucune attention aux jeunes gens qui rentraient du jardin ; il n’eut même pas un regard pour Veltchaninov : évidemment il s’était calmé, et il ne songeait pas à se plaindre de sa mésaventure.

Mais lorsque Nadia se mit à chanter, il approcha aussitôt. Chaque fois qu’il lui adressa la parole, elle affecta de ne pas lui répondre ; mais il n’en fut pas troublé. Il resta debout derrière elle, appuyé au dossier de la chaise, et toute son attitude disait que cette place était à lui, et qu’il ne la céderait à personne.

— C’est au tour d’Alexis Ivanovitch de chanter, maman ; Alexis Ivanovitch va chanter ! s’écrièrent en chœur les jeunes filles, en se pressant autour du piano, tandis que Veltchaninov y prenait place, très sûr de lui, pour s’accompagner lui-même.

Les parents, et Katerina Fédoséievna, qui était assise auprès d’eux et servait le thé, s’approchèrent.

Veltchaninov choisit une romance de Glinka, aujourd’hui presque oubliée :