que, laide, et même inconvenante : il n’est pas possible de traduire avec une aussi grande force la tension extrême de la passion sans provoquer le dégoût, à moins que la sincérité et la simplicité de cœur ne sauvent tout.
Veltchaninov se rappelait le succès que lui avait valu cette romance. Il s’était approprié autant que possible la manière de Glinka ; et maintenant encore, dès la première note, dès le premier vers, une inspiration véritable emplit son âme et passa dans sa voix. À chaque mot, le sentiment croissait en force et en audace ; vers la fin, il fit entendre de vrais cris de passion ; regardant Nadia de ses yeux enflammés, il chantait les derniers vers de la romance :
Maintenant, je regarde avec plus d’audace dans tes yeux. J’approche mes lèvres, et, sans force pour entendre, Je veux t’embrasser, t’embrasser, t’embrasser ! Je veux t’embrasser, t’embrasser, t’embrasser !
Nadia trembla de peur, et recula ; une rougeur couvrit ses joues, et il y eut comme un éclair qui passa de Veltchaninov à son visage tout bouleversé de confusion et presque de honte. Les autres auditeurs furent à la fois ravis et déconcertés : chacun semblait dire qu’il était vraiment déplacé de chanter de la sorte, et en même temps tous ces jeunes visages et tous ces