Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/263

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il faut qu’ils vous coupent la tête, tout net : " houp ! " comme disent les forçats. C’est bien cela ! »

Il ne put rester chez lui : il fallait absolument qu’il fît quelque chose tout de suite, ou quelque chose allait inévitablement lui arriver : il sortit, marcha par les rues, et attendit. Il avait une envie extrême de rencontrer quelqu’un, de causer avec quelqu’un, fût-ce un inconnu, et ce désir lui donna l’idée de voir un médecin et de faire panser convenablement sa main. Le médecin, qu’il connaissait depuis longtemps, examina la blessure, et lui demanda curieusement :

— Comment cela a-t-il pu vous arriver ?

Veltchaninov répondit par une plaisanterie, éclata de rire et faillit tout raconter, mais se contint. Le médecin lui tâta le pouls, et, lorsqu’il sut la crise qu’il avait eue la nuit précédente, lui fit prendre sur-le-champ une potion calmante qu’il avait sous la main. Quant à la blessure, il le rassura :

— Cela ne peut avoir de suites bien fâcheuses.

Veltchaninov se remit à rire, et déclara que des suites excellentes s’étaient déjà produites.

Deux fois encore, dans cette même journée,