Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/46

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l’autre parlât. Il le regardait avidement, et faisait effort pour se souvenir. Chose étrange, l’autre se taisait, semblait ne pas comprendre qu’il « fallait » qu’il s’expliquât tout de suite ; au contraire, il regardait Veltchaninov d’un air d’attente. Peut-être avait-il peur, tout simplement, et se sentait-il mal à l’aise, comme une souris dans une souricière. Mais Veltchaninov éclata :

— Qu’est-ce que vous voulez ? s’écria-t-il ; vous n’êtes pourtant pas, j’imagine, un fantôme ou un songe ! Êtes-vous donc venu ici pour jouer aux morts ? Il faut vous expliquer, mon petit père !

L’hôte s’agita, sourit, et commença timidement :

— Je vois que vous êtes surtout étonné que je sois venu à une pareille heure, et… dans des conditions si particulières… Lorsque je songe à tout ce qui s’est passé jadis, et à la manière dont nous nous sommes quittés… oui, c’est fort étrange… Au reste, je n’avais pas du tout l’intention d’entrer, et, si cela est arrivé, c’est bien par hasard…

— Comment, par hasard ! Mais je vous ai vu de ma fenêtre traverser furtivement la rue sur la pointe des pieds.