chaque instant sur vous, et, deux ou trois fois au moins…
— C’est-à-dire que c’est moi qui tombais à chaque instant sur vous, et non pas vous sur moi.
Veltchaninov se leva, et, tout à coup, partit d’un éclat de rire violent, inattendu. Pavel Pavlovitch demeura silencieux, regarda attentivement, et poursuivit aussitôt :
— Si vous ne m’avez pas reconnu, c’est d’abord que vous avez pu m’oublier : et puis, c’est que j’ai eu, depuis, la petite vérole, dont j’ai gardé des traces au visage.
— La petite vérole ? En effet, c’est de la petite vérole. Mais comment… ?
— Comment je l’ai pincée ? Tout arrive, Alexis Ivanovitch ; on est pincé.
— C’est bien drôle. Mais continuez, continuez, cher ami !
— Eh bien donc, quoique je vous aie déjà rencontré…
— Attendez ! Pourquoi donc avez-vous dit tout à l’heure « pincer » ? Il faut parler d’une manière moins triviale. Mais continuez, continuez !
Il se sentait l’humeur de plus en plus gaie. L’oppression qui l’étouffait avait complètement disparu.