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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/79

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dans un miroir, celui que je suis maintenant, je ne l’aurais pas cru, certes !

— Vous étiez donc ivre, cette nuit ?

— Oui, confessa à demi voix Pavel Pavlovitch, confus, en baissant les yeux. Voyez-vous, je n’étais plus tout à fait ivre, mais je l’avais été. Il faut que je vous explique… parce que, après l’ivresse, je deviens mauvais. Lorsque je sors de l’ivresse, je suis méchant, je suis comme fou, et je souffre terriblement. C’est peut-être le chagrin qui me fait boire. Il peut m’arriver alors de dire bien des choses stupides et blessantes. J’ai dû vous paraître bien bizarre, cette nuit.

— Vous ne vous rappelez pas ?

— Comment ! je ne me rappelle pas ? je me rappelle fort bien.

— Voyez-vous, Pavel Pavlovitch, moi aussi, j’ai réfléchi, et il faut que je vous dise… J’ai été avec vous, cette nuit, un peu vif, un peu trop impatient, je le confesse. Il m’arrive parfois de ne pas me sentir très bien et votre visite inattendue, de nuit…

— Oui, de nuit, de nuit ! fit Pavel Pavlovitch, secouant la tête, comme s’il se condamnait lui-même. Comment cela a-t-il pu m’arriver ? Mais, certainement, je ne serais pas entré