Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/83

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« Elle supplie qu’on la laisse tranquille », pensa Veltchaninov. Enfin ils parurent.

— Elle est toute gênée, dit Pavel Pavlovitch, elle est si timide, si fière… tout le portrait de la défunte !

Lisa entra, les yeux secs et baissés. Son père l’amena par la main. C’était une fillette élancée, mince et très jolie. Elle leva vivement ses grands yeux bleus sur l’étranger, avec curiosité, le regarda sérieusement, puis, aussitôt, baissa les yeux. Il y avait, dans son regard, la gravité qu’ont les enfants lorsque, seuls en présence d’un inconnu, ils se réfugient dans un coin et de là observent, d’un air défiant, l’homme qu’ils n’ont jamais vu ; mais peut-être y avait-il encore dans ce regard une autre expression, autre chose que cette pensée d’enfant — au moins Veltchaninov crut-il le remarquer. Le père l’amena par la main jusqu’à lui.

— Regarde, voici un oncle qui a connu maman ; il nous aimait bien ; il ne faut pas avoir peur de lui ; donne-lui la main.

L’enfant s’inclina un peu et tendit timidement la main.

— Natalia Vassilievna ne voulait pas qu’elle apprît à faire la révérence ; elle lui a appris à