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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/85

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Dieu me prenait mon bonheur, Lisa au moins me resterait. Cela, au moins, j’en étais sûr !

— Et Natalia Vassilievna ?… demanda Veltchaninov.

— Natalia Vassilievna ? grimaça Pavel Pavlovitch. Vous la connaissiez bien ; vous vous rappelez, elle n’aimait pas beaucoup parler ; c’est seulement à son lit de mort… mais alors elle a tout dit ! Oui, le jour qui a précédé sa mort, voilà que tout à coup elle s’énerve, elle se fâche : elle crie qu’avec tous ces médicaments on veut la tuer, qu’elle n’a qu’une simple fièvre, que nos deux médecins n’y entendent rien ; que Koch (vous vous rappelez… le médecin militaire, ce vieillard) la remettra sur pied en quinze jours… Encore cinq heures avant de mourir, elle se rappela que dans trois semaines, il faudrait aller féliciter, à la campagne, sa tante, la marraine de Lisa, pour sa fête.

Veltchaninov se leva brusquement, toujours sans lâcher la main de Lisa. Dans ce regard que l’enfant tenait attaché sur son père, il lui semblait voir une espèce de reproche.

— Elle n’est pas malade ? demanda-t-il vivement d’un air étrange.

— Malade ? Je ne crois pas, mais… l’état de mes affaires… fit Pavel Pavlovitch, avec une