— Matréna va mettre des draps à votre lit. Vous avez une malle ?
— Non, un petit paquet. Votre frère est allé le chercher ; il est dans l’antichambre.
— Il n’y a là aucun paquet, sauf ce petit-ci ; où avez-vous mis vos bagages, demanda Kolia, de retour dans la chambre.
— Mais je n’en ai pas d’autres que celui-là, répondit le prince en prenant son minuscule paquet.
— A-ah ! Je me demandais si Ferdychtchenko ne les avait pas subtilisés.
— Ne dis pas de sottises ! fit sévèrement Varia, qui parlait aussi au prince d’un ton fort sec et à peine poli.
— Chère Babette, tu pourrais me parler plus gentiment : je ne suis pas Ptitzine, moi, tu sais.
— On pourrait encore te donner le fouet, Kolia, tant tu es encore bête. Pour tout ce dont vous aurez besoin, vous pouvez vous adresser à Matréna. On dîne à quatre heures et demie. Vous pouvez diner avec nous ou vous faire servir dans votre chambre ; c’est comme vous voudrez. Allons, viens, Kolia, ne le dérange pas.
— Je m’en vais. Quel caractère décidé !
Au moment où ils se retiraient, ils se croisèrent avec Gania.
— Le père est à la maison ? demanda-t-il à Kolia, et celui-ci ayant répondu affirmativement, son frère lui dit quelque chose à l’oreille.
Kolia inclina la tête et sortit à la suite de Barbara Ardalionovna.
— Deux mots, prince : j’avais oublié de vous parler au sujet de ces… affaires. J’ai une demande à vous adresser. Si ce n’est pas vous imposer une trop grande gêne, veuillez, je vous prie, ne pas ébruiter ici ce qui s’est passé tout à l’heure entre moi et Aglaé, et ne pas raconter là ce que vous trouverez ici ; car, ici aussi, il y a pas mal de vilaines choses. Du reste, je m’en moque… Aujourd’hui, du moins, tâchez de ne pas bavarder.
— Je vous assure que j’ai beaucoup moins bavardé que