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Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 2.djvu/277

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que n’était la leur… Les gens de ce temps-là n’avaient, pour ainsi dire, qu’une seule idée ; à présent, on est plus nerveux, plus développé, plus sensitif, on a deux ou trois idées à la fois… l’homme moderne est plus large, — et, je vous l’assure, cela l’empêche d’être tout d’une pièce comme l’étaient ses ancêtres….. Je….. c’est uniquement à cela que se rapportait mon observation, je ne…..

— Je comprends ; vous m’avez naïvement laissé voir que vous n’étiez pas de mon avis, et maintenant vous voulez m’en consoler, ha, ha ! Vous êtes un véritable enfant, prince. Pourtant je remarque que vous me traitez tous comme….. comme une tasse de porcelaine….. Ça ne fait rien, ça ne fait rien, je ne me fâche pas. En tout cas, nous venons d’avoir une conversation fort drôle ; vous êtes parfois un véritable enfant, prince. Sachez-le, du reste, peut-être aimerais-je mieux être n’importe quoi qu’un Ostermann ; pour Ostermann ce n’aurait pas été la peine de ressusciter d’entre les morts….. Mais, du reste, je vois qu’il faut que je meure le plus tôt possible, autrement, moi-même je… Laissez-moi. Au revoir ! Allons, c’est bien. Or sus, dites-moi vous-même votre avis : quelle est, pour moi, la meilleure manière de mourir ? Je veux dire, la plus… vertueuse ? Allons, parlez !

— Passez devant nous et pardonnez-nous notre bonheur ! dit le prince à voix basse.

— Ha, ha, ha ! je m’en doutais ! J’étais sûr que vous diriez quelque chose de pareil ! Pourtant vous… pourtant vous… Allons, allons ! des gens éloquents ! Au revoir, au revoir !

VI

Barbara Ardalionovna avait dit vrai en parlant à son frère de la soirée projetée par les Épantchine et à laquelle devait assister la princesse Biélokonsky. La chose avait été décidée