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Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 2.djvu/5

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L’IDIOT

DEUXIÈME PARTIE
(Suite.)


XI

La colère des Épantchine ne s’apaisa que le surlendemain. Quoique le prince, selon son habitude, se reprochât bien des choses et s’attendît à un châtiment, au fond pourtant, dès l’abord, il avait cru qu’Élisabeth Prokofievna ne pouvait pas lui en vouloir sérieusement, et qu’elle était plutôt fâchée contre elle-même. Aussi éprouva-t-il une pénible surprise quand il vit qu’on lui gardait une si longue rancune. D’autres circonstances encore le rendaient perplexe. Une surtout, durant ces trois jours, acquit peu à peu une importance énorme aux yeux du prince (depuis quelque temps il avait le regret de constater en lui deux tendances opposées et excessives l’une comme l’autre : d’une part, une confiance extraordinaire, « insensée », d’autre part, une « basse et ténébreuse » méfiance). En un mot, à la fin du troisième jour, l’incident de la dame excentrique interpellant de sa calèche Eugène Pavlovitch avait atteint dans l’esprit soupçonneux du prince d’effrayantes et mystérieuses proportions. Pour