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Page:Dostoïevski - La logeuse, suivi de deux histoires (2e édition), 1920.djvu/83

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Un moment après, elle pleurait doucement. Le cœur d’Ordynov battait et souffrait d’une angoisse mortelle.

– Il dit, chuchota-t-elle d’une voix contenue, mystérieuse, que quand il mourra il viendra chercher mon âme… Je suis à lui. J’ai vendu mon âme… Il m’a tourmentée… Il a lu dans les livres… Tiens, regarde, regarde son livre ! Le voici ! Il dit que j’ai commis un péché mortel… Regarde, regarde…

Elle lui montrait un livre. Ordynov n’avait pas remarqué comment il se trouvait là. Machinalement il le prit. C’était un livre, écrit comme les anciens livres des vieux croyants qu’il avait eu l’occasion de voir auparavant. Mais maintenant il ne pouvait regarder, toute son attention concentrée sur autre chose. Le livre tomba de ses mains. Il enlaça doucement Catherine en essayant de la ramener à la raison.

– Assez, assez… On t’a fait peur. Je suis avec toi… Aie confiance en moi, ma chérie, mon amour, ma lumière…

– Tu ne sais rien, rien, dit-elle, en serrant fortement ses mains. Je suis toujours ainsi… J’ai peur de tout… Cesse, cesse, ne me tourmente plus, autrement j’irai chez lui… commença-t-elle un instant après, toute haletante. Souvent