Néanmoins, — je l’ai dit déjà, — M. Goliadkine est rempli d’un espoir sans limites. Il a l’impression de ressusciter d’entre les morts.
« Ce n’est rien, pense-t-il. Ma poitrine se libère de cinq cents pouds ! Quel événement ! Et le coffre s’ouvrait tout simplement, Krilov a raison. Il a raison, Krilov. C’est un grand fabuliste ! Et quant à l’autre, qu’il fasse son service à ma santé. Pourvu qu’il ne gêne personne et qu’il ne touche à personne, qu’il soit fonctionnaire, j’y consens et j’approuve ! »
Cependant les heures ont passé, il est quatre heures, le bureau se ferme. André Philippovitcb prend son chapeau et chacun suit son exemple. M. Goliadkine s’attarde un peu et sort exprès le dernier, alors que tous sont déjà dispersés de côtés et d’autres. Dans la rue, il se sent comme au paradis. Il éprouve même le désir de faire un détour par la Perspective Newsky.
« Quelle destinée ! se dit-il, quelle transformation complète des événements et voici le beau temps revenu, et le froid et les traîneaux.
« Le froid, voilà ce qu’il faut à un Russe. Les Russes sont contents quand il gèle. J’aime les Russes et j’aime qu’il gèle. C’est un lapin qui ferait bien sur cette première gelée, dirait un chasseur. Oh ! mais ce n’est rien. »
Ainsi s’exprime l’enthousiasme de M. Goliadkine et pourtant quelque chose le chatouille encore. Ce n’est pas de la tristesse, et pourtant