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Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/216

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rangeras mon uniforme, les pantalons, les draps, les couvertures, les oreillers.

— Faut-il que j’en fasse un paquet ?

— Oui, mon ami, oui, fais-en un paquet. Nul ne sait ce qui peut arriver, et maintenant, mon ami, tu vas me chercher une voiture…

— Une voiture ?

— Oui, mon ami, une voiture commode et disponible pour un certain temps. Mais, mon ami, ne vas pas te faire des idées.

— Et vous voulez aller loin ?

— Je ne sais pas, mon ami, je ne le sais pas. Il faudra, je crois, mettre aussi l’édredon. Qu’en penses-tu, mon ami, j’ai confiance en toi, mon brave.

— Est-ce que vous partez tout de suite ?

— Oui, mon ami, oui… il est survenu… voilà mon brave, voilà…

— Parfaitement, monsieur, la même chose était arrivée à un lieutenant de notre régiment. Il l’avait enlevée…

— Enlevée ? Comment, mon brave ?

— Oui, il l’avait enlevée et s’était marié à une autre paroisse. On y avait tout préparé d’avance. Il y a eu poursuite. Mais le prince défunt s’en est mêlé et tout s’est arrangé.

— Ils se sont mariés ? Mais… mon brave, comment le sais-tu ?

— Ben, monsieur, les bruits se répandent… nous savons tout… Et qui n’a pas eu ses aven-