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Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/224

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« Quelle voix ! pensa-t-il anxieux. Ne pouvait-il dire doucement qu’un tel… n’est-ce pas… enfin est venu… pour s’expliquer humblement… daignez le recevoir. Maintenant mon affaire est perdue. Du reste, ça ne fait rien. » Il n’eut pas le temps de raisonner davantage. Le laquais revenait pour l’introduire dans le cabinet de travail.

Lorsqu’il y fut entré, il n’y vit plus clair. Ses yeux s’étaient aveuglés. Deux ou trois visages passèrent devant lui. Il pensa : « ce sont des visites. » Enfin il put distinguer une étoile sur le frac noir de Son Excellence. Peu à peu il retrouva la faculté de voir.

— Qu’y a-t-il ? fit à côté de lui une voix qu’il connaissait.

— Je suis conseiller titulaire, Votre Excellence.

— Eh bien ?

— Je suis venu pour m’expliquer.

— Comment ? Quoi ?

— Mais voici… Enfin je suis venu pour m’expliquer, Votre Excellence.

— Mais qui êtes-vous ?

— Mon… Monsieur Goliadkine, Votre Excellence, conseiller titulaire.

— Bien. Que voulez-vous ?

— Voici… enfin. Vous êtes pour moi comme un père. Je me retire volontairement du service : Défendez-moi contre l’ennemi.

— Qu’est-ce ?