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CHAPITRE II

Christian Ivanovitch Routenschpitz, docteur en médecine et chirurgie, est un homme âgé déjà, mais de forte santé. Ses sourcils et ses favoris sont très épais et grisonnent ; ses yeux sont expressifs et brillants, on sent qu’au premier coup d’œil il diagnostique toutes les maladies. Christian Ivanovitch porte une décoration très importante.

Ce matin, il est assis chez lui, dans son cabinet de travail, dans un bon fauteuil. Il boit le café que sa femme elle-même lui apporta, fume un cigare et, de temps en temps, signe une ordonnance à ses malades.

Il vient de signer une ordonnance à un vieillard qui souffrait d’hémorroïdes ; il l’a accompagné jusqu’à la porte… Il s’assied, il attend la visite suivante… M. Goliadkine entre.

Christian Ivanovitch n’attendait certes pas et ne désirait pas la visite de M. Goliadkine : un moment il semble gêné, et, malgré lui, son visage devient étrange, mécontent même. M. Goliadkine, lui, est toujours embarrassé lorsqu’il lui faut aborder quelqu’un pour ses propres