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Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/240

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— Eh bien, si vous voulez, j’attendrai. Est-ce qu’il faudra attendre longtemps ?

— Non, mon ami, non, vois-tu… je… je n’attendrai plus. Qu’en penses-tu, mon ami ? J’ai confiance en toi. Je n’attendrai plus ici.

— Vous ne me reprendrez plus ?

— Non, mon ami, non, mais je vais te récompenser, mon brave. Combien te dois-je mon brave ?

— Mais donnez-moi le prix convenu, monsieur, j’ai attendu longtemps. Vous ne voudriez pas faire de tort à un pauvre homme, monsieur ?

— Eh bien, voilà, mon cher, voilà.

M. Goliadkine donnâtes six roubles au cocher de fiacre, et se décida pour de bon à ne plus perdre de temps. Il partira sain et sauf, c’est conclu. Le cocher a été congédié. Il faut bien qu’il renonce.

Il se précipita hors de la cour, passa la porte cochère, tourna à gauche et, sans tourner la tête, haletant et joyeux, il se mit à courir. « Tout s’arrangera peut-être au mieux, pensa-t-il, et ainsi j’aurais évité un malheur. » M. Goliadkine se sentit extrêmement soulagé.

Ah ! si tout s’arrangeait pour le mieux ! Mais il n’y croyait pas lui-même. « Voilà, je vais… non… je ferais mieux… au contraire ou plutôt non… »

Toujours hésitant et cherchant une solution il arriva au pont Séméonovsky et… se décida