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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/101

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Tu penses qu’il refuserait ton argent ?… Trompe-le si tu as pitié de lui ! Le men ; songe est pardonnable quand il y va de la vie. Donne-lui l’espérance, promets-lui ton amour, dis-lui que tu l’épouseras quand tu sera veuve, — il y a façon de tout dire avec noblesse : ta mère ne te donnerait pas de mauvais conseils, Zina ! — Tu feras tout cela pour le sauver, cela te justifie. Il reprendra courage dès qu’il t’espérera. Il se soignera, il suivra fidèlement les prescriptions du médecin, il voudra ressusciter pour le bonheur. S’il guérit, dusses-tu ne pas l’épouser, il sera toujours sauvé ! et si le malheur l’a changé, l’a rendu digne de toi, tu l’épouseras. Tu pourras, après l’avoir guéri, lui obtenir une situation dans le monde, lui ouvrir une carrière. Ton mariage, dans ces conditions, serait possible. Aujourd’hui… qu’auriez-vous à attendre tous deux, si vous vous décidiez à faire la folie de vous épouser ? Le mépris de tous et la misère. Penses-tu que la lecture de Shakespeare en