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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/114

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pas, mon petit ange, glousse Maria Alexandrovna qui reprend courage. Je comprends moi-même ton agitation. Vois-tu, mon amie, tu me demandes de la franchise… Soit, je serai franche, mais crois-moi. Pour un plan tout à fait définitif, je n’en ai pas encore et je ne puis en avoir : tout dépendra des circonstances. Je prévois même quelques difficultés… Tout à l’heure, cette pie m’a croassé un tas de mauvaises nouvelles. (Ah ! mon Dieu, je n’ai pas de temps à perdre !) Je serai donc franche : je te jure que j’arriverai à mon but. Ne vas pas croire à un mirage, à une illusion ; tout mon plan est fondé sur la sottise du prince ; c’est là un canevas où on peut broder tout ce qu’on veut. L’important est qu’on nous laisse agir. D’ailleurs, ces pécores ne peuvent rien contre moi ! s’écrie Maria Alexandrovna en frappant du poing sur la table. Aie confiance, mais agissons vite ! Faisons aujourd’hui même le principal, si c’est possible.

— C’est bien, maman ; écoutez encore