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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/131

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monde par les charmes de son amabilité. Mais Zina gardait un silence glacial, et Mozgliakov n’était pas dans son assiette. Il mangeait peu, il était préoccupé ; il pensait ; comme cela lui arrivait très rarement, Maria Alexandrovna était inquiète. Nastassia Petrovna, morne, faisait à Mozgliakov des signes furtifs qu’il ne remarquait pas. Sans Maria Alexandrovna et le prince, c’eût été un diner d’enterrement.

Et, pourtant, Maria Alexandrovna cache une émotion profonde : Zina l’effraye, avec son air triste et ses yeux rouges. D’ailleurs, on n’a pas trop de temps, et Mozgliakov, cet obstacle matériel, se tient là comme une borne.

Maria Alexandrovna se lève de table, en proie à une profonde inquiétude. Mais quel est son étonnement, quelle est sa joyeuse terreur, si j’ose m’exprimer ainsi, quand Mozgliakov s’approche d’elle et lui déclare qu’il doit à son grand regret s’en aller tout de suite !