Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après le dîner, on a fait passer le prince dans le salon où il est entré le matin. Le petit vieillard, lesté de six verres de champagne, n’a plus son équilibre. En revanche, il bavarde sans cesse. Maria Alexandrovna comprend que ce n’est qu’une excitation momentanée et que bientôt son hôte s’assoupira. Il faut donc saisir l’occasion. Elle remarque avec joie que le voluptueux petit vieillard jette sur Zina des regards gourmands. Ses sentiments maternels en sont réjouis.

— Extrê-ê-mement ! et, savez-vous ? c’est une femme incompa-pa-ra-a-ble, cette Natalia Dmitrievna, une incompa-pa-ra-a-ble femme.

Malgré tous ses soucis, cette louange à l’adresse de sa rivale fait saigner la jalousie de Maria Alexandrovna.

— Voyons, prince ! s’écrie-t-elle avec un éclair dans les yeux, si votre Natalia Dmitrievna est une femme incomparable, je n’ai plus rien à dire, mais il faut vrai-