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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/188

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quoi n’as-tu pas coupé les cheveux du barine comme je te l’avais ordonné la semaine dernière ?

Maria Alexandrovna avait médité de faire chez Aphanassi Matveïtch une entrée moins violente. Mais en le voyant occupé à « siroter » son thé tranquillement, elle n’avait pu retenir son indignation. Tant de soucis pour elle et tant de quiétude pour lui, pour cet être inutile ! Ce contraste choque cruellement Maria Alexandrovna. Cependant le mannequin, ou, pour parler plus poliment, celui qu’on appelle ainsi, est assis devant le samovar ; il est immobile, la bouche et les yeux béants, presque pétrifié par l’apparition de son épouse. La silhouette endormie de Grichka paraît dans le vestibule. Grichka cligne des yeux pendant toute cette scène.

— Il ne se laisse pas… Voilà pourquoi je ne l’ai pas fait, dit-il d’une voix enrouée et goguenarde. Dix fois au moins j’ai pris mes ciseaux et je lui ai dit : « La barinia va