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Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/196

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me le rappelle. Et pourquoi nous a-t-il fait cet honneur ?

— Tais-toi, ça ne te regarde pas ! Tu vas, avec une amabilité extrême, comme un maître de maison, l’inviter à venir à la campagne. C’est aujourd’hui même que nous partirons. Mais si tu vas dire un seul mot pendant toute la soirée, ou demain, ou même après-demain, ou… pendant toute l’année, je le fais garder les oies ! Pas un mot ! voilà toute ta fonction ! Comprends-tu ?

— Mais si on m’interroge ?

— N’importe ! garde le silence !

— Mais… on ne peut pourtant pas toujours se taire, Maria Alexandrovna ?

— Réponds par un monosyllabe, un hum !… ou quelque chose de pareil, pour faire croire que tu es un homme d’esprit et que tu réfléchis avant de répondre.

— Hum !…

— Comprends-moi bien. Je t’emmène : tu as entendu parler du prince, et aussi tôt, plein de joie, tu t’es hâté de venir lui