Borodonïev, ayant besoin d’être seul. Il avait la tête farcie de rêveries romanesques. Il imaginait l’explication solennelle avec Zina, le pardon généreux, scène mélancolique au bal de Pétersbourg, Espagne et Guadalquivir, le prince à son lit de mort joignant dans ses mains celles des deux amants et l’amour, enfin, d’une femme si belle, vaincu par tant d’héroïsme, çà et là, quelque faveur de baronne, comtesse de haut vol dans ce monde où ce mariage l’introduirait certainement, une place de vice-gouverneur, de l’argent, en un mot toute l’éloquente description de Maria Alexandrovna. Mais enfin, comment expliquer cela ? Parmi tous ces transports lui vient cette pensée désagréable qu’en tout cas, tout cela est au futur, et que pour l’instant il n’en reste pas moins avec un très long nez ! Tout à coup il s’aperçoit qu’il est allé très loin dans le faubourg le plus excentrique de Mordassov. Le soir tombe. Dans les rues bordées de masures aboient, comme dans toutes les
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