Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/281

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cracher le sang et abîma ses poumons. On le transporta à l’hôpital et, quelque temps après, il mourut poitrinaire. Eh bien ! je me le suis rappelé, ce brigand, le jour où s’est produit l’incident du billet… Et je résolus de finir de la même manière. Et pourquoi ai-je choisi précisément la phtisie ? Pourquoi ne me suis-je pas étranglé où noyé ? Est-ce parce que j’eus peur d’une mort trop brusque ? Peut-être ; mais il me semble que mes rêveries romanesques y sont pour beaucoup. J’avais toujours la pensée : Comme ce sera beau d’être étendu comme maintenant sur un lit, se mourant de phtisie… et toi, te lamentant auprès de moi, souffrant à la pensée d’être cause de ma maladie ! Je te voyais arriver repentante, agenouillée auprès de mon lit… Et moi je te pardonne en mourant dans tes bras…… C’est sot, Zina !

— Oublie tout cela, ne parle plus de tes torts, tu te les exagères ; pensons aux bons moments, aux jours heureux.