Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/50

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passer pour l’ennemie de cette pauvre Anna Nikolaïevna ! Car c’est l’opinion de tout Mordassov. Jugez-en, Pavel Alexandrovitch. Vous nous connaissez toutes deux : pour quoi serais-je son ennemie ? Pour lui disputer la suprématie ? Je suis indifférente à ces sortes de choses ! Qu’elle soit la première, j’irai l’en féliciter. Enfin, c’est injuste, je veux la défendre. C’est mon devoir. Pour quoi la calomnier, pourquoi tant dauber sur elle ? Elle est jeune, elle aime la toilette : est-ce pour cela ? Quant à moi, j’estime qu’il vaut mieux aimer la toilette que certaines autres choses qui sont si fort du goût de Natalia Dmitrievna, de ces choses qu’on ne peut même pas nommer. Est-ce encore parce qu’Anna Nikolaïevna aime les visites et ne peut rester chez elle ? Mais, mon Dieu ! elle n’a aucune instruction, et certes il lui serait difficile d’ouvrir un livre et de s’occuper dix minutes de suite à quoi que ce soit. Elle est coquette, elle fait de l’œil à travers sa fenêtre à tous les passants.