Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/54

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asseyez-vous, prince ! Six ans ! six ans tout entiers sans nous voir, et pas une lettre, pas une ligne pendant tout ce temps ! Oh ! comme vous êtes coupable à mon égard, prince ! Comme j’étais montée contre vous, mon cher prince ! Mais du thé ! du thé ! Ah ! mon Dieu ! Nastassia Petrovna, du thé !

— Merci, Mê-er-ci ! suis cou-cou-pable… bégaye le prince.

(Nous avons oublié de dire qu’il bégayait un peu : d’ailleurs, c’est à la mode.)

— Cou-coupable. Imaginez-vous que l’an dernier je voulais abs-absolument venir ici, ajoute-t-il en lorgnant la chambre. Mais on m’avait fait peur : on disait qu’il y avait ici le cho-choléra…

— Non, prince, nous n’avons pas eu le choléra, dit Maria Alexandrovna.

— Nous avions la clavelée, mon petit oncle, interrompt Mozgliakov, qui veut se distinguer.

Maria Alexandrovna le toise d’un œil sévère.