Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/99

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et imagine-toi que c’est une voix mystérieuse qui te tient ce discours… Ce qui t’embarrasse surtout, c’est la question d’argent, cette apparence d’achat et de vente. Eh bien, refuse l’argent si tu le hais à ce point, n’accepte que le nécessaire et donne le reste aux pauvres. Viens, par exemple, en aide à ce malheureux qui est couché sur son lit de mort…

— Il n’accepterait rien, dit Zina doucement, comme si elle se parlait à elle-même.

— S’il refuse, sa mère acceptera pour lui, répond Maria Alexandrovna qui sent qu’elle vient de toucher une corde sensible. Elle acceptera sans qu’il en sache rien. Tu as vendu tes boucles d’oreilles (un cadeau de ta tante) pour le secourir, il y a six mois, je le sais, et je sais aussi que sa vieille mère lave du linge pour nourrir son pauvre fils…

— Bientôt il n’aura plus besoin de rien.

— Je te comprends ! saisit au vol Maria Alexandrovna. (Une inspiration lui vient, une inspiration véritable.) On dit qu’il