Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/232

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ne suis pas philosophe. Vous parlez de faits. Mais nous en sommes encombrés, de faits ; nous ne savons plus qu’en faire. De plus, cette statistique me paraît dangereuse…

— En quoi ?

— Elle est dangereuse. Et puis, convenez-en : il va nous établir ses rapports couché sur le côté. Est-ce couché sur le côté que l’on peut faire son service ? C’est encore une innovation et tout aussi dangereuse : et il n’y a pas de précédent ! Si nous avions un précédent, ça irait tout seul.

— Comment pourrions-nous avoir un précédent quand c’est le premier crocodile vivant que l’on amène à Pétersbourg Timothéï Semionitch ?

— Hem !… C’est vrai ?… — Il réfléchit de nouveau. — Dans un sens, votre observation est juste et pourrait fournir une base pour la suite de l’affaire. Mais considérez, d’autre part que, si l’apparition de ces crocodiles vivants doit entraîner pour les employés un penchant à s’y retirer et, sous prétexte qu’il y fait bon, à y demander des missions afin d’y passer leur temps couchés sur le côté, ce sera d’un assez mauvais exemple, convenez-en. Tout le monde ira se cacher dans des crocodiles pour y gagner de l’argent à ne rien faire.

— Faites tout votre possible, Timothéï Semionitch ! A propos, Ivan Matveïtch m’a prié de vous payer sept roubles qu’il vous doit, une dette de jeu.