dans ce gouffre sans fond, en suite de quoi, notre gastronome fit mine de vouloir s’en prendre à l’ichneumon, le compagnon habituel du crocodile et qu’il supposait sans doute ne le lui point céder en succulence.
» Nous n’éprouvons aucune espèce de prévention contre ce nouvel aliment depuis longtemps connu des gastronomes étrangers. Nous avions même prédit cette vogue. Les lords et les voyageurs anglais capturent en Égypte quantité de crocodiles dont ils dégustent le dos sous forme de beefsteaks, assaisonnés de moutarde et d’oignons et accompagnés de pommes de terre.
» Les Français venus avec de Lesseps portent leur préférence sur les pattes qu’ils font cuire sous la cendre pour faire enrager les Anglais, lesquels ne leur ménagent pas les railleries. Il est assez probable que, chez nous, on saura apprécier aussi bien le dos que les pattes et nous nous réjouissons de voir cette nouvelle branche de l’industrie alimentaire venir enrichir notre puissante et si diverse patrie.
» Après cette ingestion pétersbourgeoise d’un premier crocodile, on peut prédire qu’il ne se passera pas une année avant qu’on n’en importe chez nous des centaines. Pourquoi n’arriverait-on pas à acclimater le crocodile en Russie ? Si l’eau de la Néva est par trop froide pour ces intéressants produits de l’étranger, il est des pièces d’eau de par