renom de M. Prokhartchine. La première émotion passée, quand on sut ce qu’était le défunt, tous devinrent silencieux et se prirent à échanger des regards de défiance. Prenant à cœur la façon d’agir de Sémione Ivanovitch, certains s’en sentirent profondément froissés… Une pareille fortune ! Comment cet homme avait-il pu amasser une aussi forte somme ?
Très maître de soi, Marc Ivanovitch entreprit d’expliquer pourquoi Sémione Ivanovitch était soudain tombé dans cette maladie de frayeur, mais on ne l’écoutait plus. Zénobi Prokofitch devint pensif, Océanov but un tantinet, les autres se tassèrent sur eux-mêmes et le petit Kantariov, que distinguait un nez en bec de moineau, déménagea le soir même après avoir soigneusement collé et ficelé ses paquets en expliquant d’un ton froid aux questionneurs que les temps étaient durs et les loyers de cette maison fort élevés. Quant à la logeuse, elle pleurait sans discontinuer, maudissant ce Sémione Ivanovitch qui n avait pas craint de faire tort à une pauvre orpheline. Quelqu’un ayant demandé à Marc Ivanovitch pourquoi, à son sens, le défunt ne mettait pas son argent en quelque banque, il répondit :
— Que voulez-vous ? c’était un simple d’esprit ; il manquait d’imagination.
— Et vous, petite mère, vous n’étiez pas moins simple, interjeta Océanov. Pendant vingt ans cet