Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/92

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II

La crise de débauche terminée j’avais d’affreuses nausées. Le repentir m’envahissait, je le chassais : j’avais de trop fortes nausées. Peu à peu, je m’habituais cependant à cela. Je m’habituais à tout, ou plutôt, je consentais volontairement à tout supporter. Mais j’avais une issue, qui arrangeait tout : c’était de me réfugier vers tout ce qui est beau et élevé, dans mes rêves seulement, bien entendu. Je rêvais étonnamment ; je rêvais trois mois sans cesser, fourré dans mon coin, et croyez bien, à ces moments-là. je ne ressemblais pas au monsieur qui, dans le trouble de son cœur de poulet, ornait le col de sa capote de castor allemand. Je devenais soudain un héros. Je n’aurais pas voulu recevoir la visite de mon lieutenant de haute taille. Je ne pouvais même me le figurer à ces instants-là. Ce qu’étaient mes rêveries et comment je pouvais m’en contenter, cela est difficile à dire à présent, mais je m’en con-