grêlée, parut sur le seuil, son filet de provisions à la main, et s’arrêta à regarder. Kolia, si pressé qu’il fût, n’interrompit pas la représentation, et lorsqu’il siffla enfin Carillon, l’animal se mit à gambader dans la joie du devoir accompli.
« En voilà un chien ! dit Agathe avec admiration.
— Et pourquoi es-tu restée si longtemps, sexe féminin ? demanda sévèrement Krassotkine.
— Sexe féminin ! voyez-vous ce morveux !
— Morveux ?
— Oui, morveux. De quoi te mêles-tu ? Si je suis en retard, c’est qu’il le fallait, marmotta Agathe en commençant à fourrager autour du poêle, d’un ton nullement irrité et comme joyeuse de pouvoir se prendre de bec avec ce jeune maître si enjoué.
— Écoute, vieille écervelée, peux-tu me jurer par tout ce qu’il y a de sacré en ce monde que tu surveilleras ces mioches en mon absence ? Je m’en vais.
— Et pourquoi te jurer ? dit Agathe en riant. Je veillerai sur eux comme ça.
— Non, il faut que tu le jures sur ton salut éternel. Sinon je ne m’en vais pas.
— À ton aise. Qu’est-ce que ça peut me faire, il gèle, reste à la maison.
— Mioches, cette femme restera avec vous jusqu’à mon retour ou à celui de votre maman, qui devrait déjà être là. En outre, elle vous donnera à déjeuner. N’est-ce pas Agathe ?
— Ça peut se faire.
— Au revoir, enfants, je m’en vais le cœur tranquille. Toi, grand-maman, dit-il gravement à mi-voix en passant à côté d’Agathe, j’espère que tu ne leur raconteras pas de bêtises au sujet de Catherine ; tu ménageras leur innocence, hein ? Ici, Carillon.
— Veux-tu bien te taire ! dit Agathe, irritée cette fois pour de bon. On devrait te fouetter pour des mots pareils. »
III
L’écolier
Mais Kolia n’entendit pas. Enfin, il était libre. En franchissant la porte cochère, il haussa les épaules et après avoir