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LES FRERES KARAMAZOV. 133

« Il m'a ordonné de vous saluer, précisément de vous sa- luer et de vous resaluer. » Décris-lui cette scène.

Cependant, Ivan et Grigory avaient relevé le vieux et l'avaient étendu sur un divan. Son visage était ensan- glanté; mais toute sa présence d'esprit lui restait, et il écoutait avec une extrême attention les exclamations de Dmitri. Il était convaincu que Grouschegnka se tenait cachée quelque part chez lui. Dmitri Fédorovitch, avant de partir, lui jeta un regard de haine.

— Je ne me repens de rien. Prends garde, vieux, je te maudis, et je te renie à jamais...

Il sortit à grands pas.

— Elle est ici! elle est siirement ici! Smerdiakov! Smerdiakov! bredouillait Fédor Pavlovitch.

— Non, elle n'est pas ici, non, vieillard insensé, fit avec rage Ivan exaspéré. Bon ! voilà qu'il s'évanouit ! De l'eau! des linges! Allons! remue-toi, Smerdiakov!

Smerdiakov courut chercher de l'eau. On déshabilla le blessé, on le porta dans sa chambre à coucher et on retendit sur un lit. Sa tète fut entourée de serviettes mouillées. Affaibli par l'ivresse, l'émotion et les coups, il s'assoupit aussitôt qu'il eut touché l'oreiller. Ivan et Alioscha retournèrent au salon. Smerdiakov emporta les verres cassés. Grigory restait près de la table, pensif, accablé.

— II faut aussi te mouiller la tète et te coucher, dit Alioscha à Grigory. Nous le garderons. Mon frère t'a blessé... grièvement peut-être...

— Il a osé... dit Grigory d'une voix profonde.

— 3Iais 11 a osé... à son père. aussi, dit Ivan.

I. 8

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