Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/148

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Ils se serrèrent les mains plus vivement qu’ils n’avaient jamais fait. Alioscha comprit que son frère lui faisait des avances, non sans intention.


VII

Alioscha emportait de chez son père une étrange fatigue de corps et d’esprit. Un sentiment très-voisin du désespoir, et pour lui bien nouveau, l’accablait. Et cette préoccupation primait toutes les autres : comment cela finirait-il entre son père et son frère Dmitri à propos de cette terrible femme ? il sentait que, des deux, le plus malheureux était Dmitri.

Sept heures sonnaient. Alioscha ne parvint pas avant la tombée du crépuscule à la maison de Katherina Ivanovna, une grande et confortable maison, sur la rue principale. Il savait qu’elle vivait avec ses deux tantes. L’une était la sœur de la mère d’Agafia Ivanovna, — que nous connaissons déjà; — l’autre, une grande dame de Moscou, peu fortunée. Les deux dames passaient pour obéir en tout aux volontés de Katherina Ivanovna, aNcc qui elles ne vivaient que pour sauvegarder les convenances. La jeune fille ne rendait compte de sa vie qu’à sa bienfaitrice, la générale, retenue à Moscou par sa mauvaise santé. Katherina Ivanovna lui écrivait deux fois par semaine des lettres détaillées.

En entrant dans le vestibule, et en disant son nom à la