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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/157

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LES F RÈRKS KARAMAZOV. 147

peut-on nous reprocher? Ce vieux marchand impotent? Mais c'était plutôt un père, un ami, un protecteur! Il nous a trouvée désespérée, blessée, abandonnée... car elle vou- lait se noyer ! ce vieillard l'a sauvée I il l'a sauvée !

— Vous me défendez trop vivement, chère barichnia, vous allez un peu vite, traîna de nouveau Grouschegnka.

— Je vous défends 1 Est-ce à moi de vous défendre? Qui oserait vous défendre? Grouschegnka, mon ange, donnez-moi votre main... Voyez cette petite main potelée, Alexey Fédorovitch, cette délicieuse petite main! C'est elle qui m'a apporté le bonheur, c'est elle qui m'a ressus- citée! Et je veux la baiser, desssus, dessous... et voilà! et voilà...

Elle embrassait avec transport cette petite main, vrai- ment charmante un peu trop charmante peut-être). Grou- schegnka riait d'un rire nerveux et sonore, et se laissait faire : il lui était visiblement agréable que la riche barichnia lui baisât la main.

« Quelle excessive exaltation ! » pensait Alioscha.

— Si vous croyez me rendre confuse, chère barichnia, en baisant ma main devant Alexey Fédorovitch, vous vous trompez...

— Mais... ai-je donc voulu vous rendre confuse? dit Katherina Ivanovna un peu étonnée. Ah! chère, que vous me connaissez mal!

— Mais peut-être ne me comprenez-vous pas non plus, chère barichnia. Je suis peut-être moins bonne que vous ne pensez. Mon cœur est très-corrompu. Je suis capri- cieuse, et c'est pour me moquer de Dmitri Fédorovitch que je l'ai séduit.

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