Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/272

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ment les deux premières fois , puis trois fois plus vite , toc, toc, toc. J’ouvrirai. » Nous avons un autre signal pour les cas extraordinairt^s : deux fois vite, toc, toc, puis, après un silence, une fois fort. Si donc Agrafeana Alexan- drovna venait et si elle était enfermée avec Fédor Pav- lovitch, il faudrait absolument, au cas où Dmitri Fédoro- vitcli arriverait alors, donner le signal, le signal que Fédor Pavlovitch croit connu de lui et de moi seulement : or ce signal est connu de Dmitri Fédorovitch.

— Pourquoi? C’est toi qui le lui as appris? Comment as-tu osé ?

— Parce que j’ai peur de lui , et pour qu’il sache que je ne le trompe pas.

— Eh bien ! si tu penses qu’il veuille entrer en se servant de ce signal, empèche-le I

— Et si j’ai ma crise? En admettant que j’ose l’empêcher : car il est si violent !...

— Que le diable t’emporte ! Pourquoi es-tu si sûr que tu auras ta crise demain ? Tu te moques de moi !

— Comment oserais-je me moquer de vous! Est-ce le moment de rire? J’ai un pressentiment, voilà tout.

— Si tu es couché, c’est Grigory qui veillera. Préviens- le, il ne laissera pas entrer.

— Mais je n’ose pas dire à Grigory ce secret sans la per- mission du barine ! Et puis Grigory est malade et Marfa Ignatievna lui prépare sa potion, un très-ancien remède, une sorte de liqueur dont elle a le secret, très- forte, faite d’une herbe inconnue. Elle donne ce remède à Grigory trois fois par an : elle prend une serviette, l’imprègne de cette liqueur et lui frictionne le dos pendant une demi-heure ,