— Nous ne sommes pas ici pour plaisanter, dit sévèrement Nikolay Parfenovitch,
— Eh bien… si c’est nécessaire… je… murmura Mitia. Il s’assit sur le lit et se mit à retirer ses chaussettes. Il se sentait affreusement humilié : « nu devant ces gens vêtus ! » Chose étrange : nu, il se sentit comme coupable devant ces gens vêtus ; il se semblait à lui-même dégradé par le fait de sa nudité, dégradé, méprisable.
« lime semble que c’est un rêve, songeait-il ; j’ai vu de telles choses dans mes cauchemars. »
Il lui était particulièrement pénible d’ôter ses chaussettes : elles n’étaient pas très-propres, son linge non plus n’était pas très-propre, et tout le monde l’avait vu ! Surtout, surtout, il n’aimait pas lui-même la forme de ses pieds ; les orteils, on ne sait pourquoi, lui avaient toujours paru monstrueux ; l’un particulièrement lui semblait mal fait, plat, l’ongle recourbé. Et tous le voyaient ! Le sentiment de sa honte le rendit plus grossier : il enleva violemment sa chemise.
— Ne voudrez-vous pas chercher ailleurs encore ? vous n’êtes pas gens à vous effrayer pour si peu !
— Non, c’est inutile pour le moment.
— Alors je vais rester comme cela, nu ?
— Oui, c’est nécessaire… Veuillez, en attendant, vous asseoir ici, enveloppez-vous avec une couverture du lit, et moi… je vais m’occuper tout de suite de cela…
Les juges sortirent, emportant les vêtements de Mitia qui, sous la garde des moujiks, resta là, grelottant sous sa couverture. Il n’avait pu couvrir ses pieds. « Comme ils restent longtemps » ! pensait-il en grinçant des dents. « Ils