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QUATRIÈME PARTIE


LIVRE IX

IVAN..

I

Depuis deux mois que Mitia était arrêté, Alioscha avait souvent visité Grouschegnka. Elle était tombée gravement malade trois jours après l’arrestation ; elle n’avait pas quitté le lit pendant cinq semaines, elle était même restée pendant huit jours sans connaissance. Elle avait beaucoup changé, beaucoup maigri et pâli, mais elle n’en était devenue que plus sympathique, au jugement d’Alioscha. Elle avait dans les yeux quelque chose de réfléchi, de résolu ; entre ses sourcils s’était creusée une petite ride verticale qui donnait à son visage charmant une expression concentrée, presque sévère. Plus de trace de la frivolité de naguère. Pourtant elle n’avait pas perdu cette joie de la jeunesse ; seulement, la douceur avait succédé à l’orgueil, quoique… quoique ses yeux eussent parfois un éclair de haine quand elle pensait à Katherina Ivanovna